2. Dans une équipe de visiteurs de malade : donner du crédit aux échanges   (Chapitre 10)  Imprimer
Résumé
La vignette rapporte comment j'ai été progressivement touchée par la diversité des participant·e·s du groupe et leur liberté de ton en matière religieuse et comment ma présence est vécue par une des participantes.
Description
  • Types d'acteurs : Chercheur·se
  • Type d'acte : Immersion
  • Thème(s) : Enjeux éthiques-épistémologiques de la recherche
  • Concept(s) : Expérience
  • Lieu d'observation: Réunions en dehors du temps de soin
  • Région d'observation: Bruxelles
  • Date d'observation: de janvier 2014 à novembre 2015
  • Numéro de page du livre : 269
  • Auteur du récit : Anne Piret
Contexte
Depuis plus de trente ans, l'Église catholique organise par diocèse des équipes de « visiteurs de malade », qui sont des bénévoles rendant visite à des personnes vivant au domicile et en maison de repos. Les équipes de visiteur·se·s bénéficient de différents moyens offerts par l'Église catholique : les réunions se tiennent dans des locaux mis à disposition par les paroisses qui facilitent le recrutement des bénévoles et recueillent les demandes de visites, six formateur·rice·s payé·e·s par le vicariat assurent un suivi des équipes et proposent des formations. Leur profil est intéressant, alliant formation à la théologie et au capital émotionnel via le développement personne. L'équipe suivie, composée en moyenne de huit personnes était une des dix équipes de la pastorale bruxelloise qui annonçait alors 300 bénévoles.
Contexte Méthodologique
C'est par Ginette (l'amie de Mme Danval, cf chapitre sept) qui y participait que j'ai été introduite dans une équipe locale dont j'ai suivi les réunions pendant un semestre. De janvier à juin 2014, l'équipe s'est rencontrée cinq fois ; en novembre 2014, j'y suis retournée pour une restitution de mes observations, puis encore une fois un an plus tard sur proposition d'une de ses responsables. J'ai par ailleurs participé à la journée d'accueil des nouveaux·lles bénévoles et à une journée consacrée aux « Questions autour de la fin de vie » en octobre et novembre 2014 au vicariat.
Vignette

Quand lors d'un entretien avec Ginette rencontrée au cours de sophrologie, je redécouvre l'existence de la « pastorale de la santé » (dont j'avais déjà entendu parler), c'est sans enthousiasme que je réalise l'intérêt qu'il y aurait à suivre un groupe, devant rationaliser la pertinence de ce suivi pour m'y lancer. Assez vite pourtant, je vais être touchée par la diversité des participant·e·s et leur liberté de ton en matière religieuse, bien éloignée du cliché des « grenouilles de bénitier » que je pouvais m'en faire avant de les connaître. Ginette a contribué à mon accueil dans le groupe : c'est elle qui, secrétaire du groupe pendant le temps de mon observation, n'a jamais manqué de m'envoyer les mails qui le concernaient et parfois d'autres plus personnels, où elle m'apportait son point de vue sur ce qui s'y passait. J'ai ressenti une connivence se développer entre elle et moi au fil de l'année. Alors que je l'en remercie avant l'été, elle me répond : « Je trouvais que ta présence, bien que toute discrète, donnait une sorte de crédit à nos échanges. » Cette formulation me semble refléter ce que j'ai perçu parfois, sur d'autres terrains, en ce compris au domicile, de la manière dont ma présence était vécue par certain·e·s de mes partenaires.

 

Le hasard des rencontres qui m'a fait suivre au même moment les formations Lotus et les réunions de visiteur·se·s de malade m'a aidée à percevoir les différences de ressources proposées par ces deux organisations offrant à des publics aux dispositions spirituelles en partie distinctes un appui à leur engagement dans le soin.